71

Comme en la tradition des plus belles charges de la cavalerie française, les Foulards Rouges, au galop et l’épée à la main, fondirent sur la dizaine de truands et de déserteurs qui gardaient la maison d’Auteuil.

La charge laissa la moitié des truands sur le sol.

Mettant aussitôt pied à terre, les Foulards Rouges engagèrent les survivants à l’épée et aucun de ceux-ci ne survivait trois minutes plus tard.

Sans perdre un instant, le comte de Nissac se rua en la maison.

Bien qu’il fût impressionné par cet homme de haute stature portant cape noire et chapeau marine à plumes rouges et blanches, le vérolé ne lâcha point le couteau avec lequel il menaçait de trancher la gorge de Mathilde de Santheuil.

La peur le rendit bavard :

— Si tu avances, je saigne cette chienne !… Prends-y garde !…

Le comte hocha la tête, comme s’il se rendait aux raisons de l’homme au visage marqué de vérole puis il ôta son chapeau qu’il posa sur une chaise.

Se faisant, il saisit son poignard en la tige de sa botte. La détente du bras de Nissac fut si formidable que la lame traversa l’os frontal et que le vérolé s’effondra, tué sur l’instant.

L’épée à la main, Nissac s’approcha alors de la geôlière à l’œil crevé et, d’un coup sec, lui ouvrit les cuisses. La femme tomba, lâchant un coutelas qu’elle tenait en ses jupes et, ne pouvant fuir, la marche lui étant devenue impossible.

Aussitôt, le comte délivra Mathilde de ses liens et elle se serra contre lui en murmurant :

— J’étais certaine que tu viendrais.

— Dès qu’il me fut possible…

Puis, plus doucement :

— Quel grand malheur pour ton père.

Mathilde, qui pouvait enfin s’abandonner à son chagrin, pleura sur l’épaule du comte.

Pendant ce temps, dehors, on s’organisait. On aligna d’abord les dix cadavres des truands et déserteurs, auxquels on ajouta celui du vérolé dès que le comte eut récupéré son poignard.

Puis, calmement, on prit les places des morts autour du feu tandis que, dissimulé derrière le tronc d’un orme, le baron de Florenty installait son mousquet sur sa tige, choisissant très soigneusement l’angle de la route.

Enfin, les armes à portée de main, on attendit.

Guère longtemps.

On distingua un bruit de sabots et de roues et, bientôt, deux cavaliers approchèrent tandis qu’un carrosse attendait à distance.

À leur habitude, les deux gardes du corps sautèrent de cheval et, l’un d’eux gardant les montures, le second s’approcha de la maison.

Ni l’un ni l’autre n’accordèrent un regard au petit groupe d’hommes réunis près du feu, prévenus qu’ils étaient par le marquis d’Almaric qu’il s’agissait de la pire racaille imaginable, « composite de maquereaux, assassins et déserteurs ».

Cependant l’une des « racailles », dont l’allure indiquait l’ancien militaire, barra la route de la maison à celui des deux gardes du corps qui s’apprêtait à en contrôler la porte et le baron de Fervac, puisqu’il s’agissait de lui, prit l’homme à partie :

— Holà, camarade, tout beau : je n’ai point d’ordre à te laisser passer… Mais dis-moi, n’es-tu point mousquetaire ?

L’autre fronça les sourcils.

— Et toi, où t’aurais-je donc vu ?

— Garde tes distances, merdeux, je fus jadis officier.

— Moi, je le suis encore. Et toi, tu n’es point mousquetaire.

— En effet, baron Maximilien de Fervac, lieutenant aux Gardes Françaises ! répondit le Foulard Rouge en souriant tandis que la lame de son poignard, par fortes saccades, pénétrait profondément en le cœur du garde du corps.

Dans les secondes qui suivirent, le poignard de Nissac traversa l’air en sifflant et se ficha en la gorge de l’autre garde du corps qui lâcha les chevaux, ceux-ci s’enfuyant vers le carrosse.

Aussitôt, le marquis d’Almaric tira des coups de feu au hasard pour alerter les mousquetaires qui attendaient très en arrière.

Mais c’était initiative bien tardive car, avant que les mousquetaires n’approchent, les Foulards Rouges auraient pris possession du carrosse. Et tout se serait passé ainsi sans l’extraordinaire sang-froid du marquis d’Almaric.

En un instant, il saisit par les brides les chevaux des gardes du corps, arracha à l’Écorcheur – à l’insu des Foulards Rouges – son masque d’argent dont il s’affubla aussitôt et aida son maître à se mettre en selle :

— Fuyez vers les mousquetaires, monseigneur !… Je vous suis !

Puis il songea à jeter sa torche sur le siège du carrosse qui s’enflamma aussitôt et, sans s’attarder, monta à cheval.

Au loin, on entendait déjà le galop des mousquetaires, ce qui rendait vain tout espoir de poursuite.

Mais tel ne fut point le sentiment du baron Melchior Le Clair de Lafitte. Comme ses camarades, il avait dissimulé le bas de son visage derrière un foulard rouge et, se trouvant près des chevaux, il sauta en selle à la poursuite des deux fuyards.

Le Clair de Lafitte, excellent cavalier sur un cheval de premier ordre, gagnait très rapidement du terrain.

Cependant, la situation se compliquait. Au loin, droit devant, arrivait un fort groupe de mousquetaires. Entre eux et Le Clair de Lafitte, les deux fugitifs, dont l’homme portant un masque d’argent et qui se retournait sans cesse quand l’autre cavalier ne montrait jamais son visage.

Brusquement, l’homme au masque d’argent partit sur la gauche, à travers la forêt tandis que son compagnon, sans doute le cocher, partait à droite.

Il fallait choisir vite, d’autant que les mousquetaires arrivaient au grand galop.

Toutes les apparences et toutes les meilleures raisons poussaient Le Clair de Lafitte à suivre l’homme au masque d’argent… il prit pourtant le parti contraire.

D’instinct.

L’homme au masque d’argent se trouvait loin en la forêt, les mousquetaires passaient au grand galop sur la route mais plus rien n’aurait pu empêcher Le Clair de Lafitte de rattraper le fuyard.

Poussant sa monture, il y parvint au bout de plusieurs minutes, saisissant d’un geste les brides du cheval de son adversaire.

À la lumière de la pleine lune, en cette petite clairière, les deux hommes se regardèrent et Le Clair de Lafitte baissa machinalement son foulard rouge.

— Présentez-vous ! ordonna le fuyard.

Le Clair de Lafitte, absolument stupéfait et au bord de la fascination, balbutia :

— Vous !… Vous !… Vous, monseigneur !… Vous, un écorcheur de malheureuses femmes !… Vous, un des plus grands noms de France !…

— Si vous savez la toute-puissance qui est la mienne, présentez-vous lorsque je vous l’ordonne !

— Baron Melchior Le Clair de Lafitte, colonel de la compagnie de gendarmes de la maison militaire du roi.

— Gardez le silence, et vous serez couvert d’or. Parlez, et ce sera votre parole contre la mienne, c’est-à-dire pisse de chien voulant éroder une montagne.

La gorge sèche, Le Clair de Lafitte observait l’Écorcheur, un homme qui, même sans la puissance que lui apporterait une Fronde victorieuse, se trouvait presque l’égal d’un roi par son nom et sa richesse.

Le cœur brusquement soulevé de dégoût, le Foulard Rouge cracha au visage de l’Écorcheur et lança :

— Porc immonde !… Peut-être seras-tu jugé par tes pairs, ou bien seul le roi est-il en mesure de t’infliger châtiment mais toi qui fus la toute-puissance, qui commandas belles et grandes armées, je te traînerai d’abord comme un assassin au Petit-Châtelet.

— J’en serais fort étonné ! répondit en souriant l’Écorcheur qui, sortant vivement un pistolet, l’appuya sur la tempe du Foulard Rouge et fit feu.

Entre le carrosse qui flambait comme une torche et les treize cadavres alignés au bord du fossé, les Foulards Rouges ne pouvaient guère feindre la paix d’un bivouac.

S’élançant, le comte de Nissac et le marquis avaient dételé les malheureux chevaux qui risquaient de brûler vifs, puis chacun avait occupé son poste de combat.

Ainsi, les mousquetaires chargèrent… le vide.

En effet, dispersés, cachés derrière une charrette, un arbre ou à l’angle d’une maison, les Foulards Rouges n’offraient point de cible groupée.

Il y eut un léger flottement chez les mousquetaires et c’est à cet instant que le baron de Florenty utilisa son mousquet ; le colonel des mousquetaires vida les étriers, tué sur le coup.

Aussitôt, les Foulards Rouges attaquèrent au pistolet et quatre nouveaux mousquetaires tombèrent.

Vulnérables sur leurs chevaux, ayant repéré les coups de départ des armes à feu, et par conséquent leurs adversaires, les mousquetaires mirent pied à terre.

À sept contre quinze, le combat entrait en les normes des Foulards Rouges.

Protégé par la présence toute proche du comte de Nissac et de madame de Santheuil, dont les épées formaient muraille infranchissable, Florenty tuait à tout coup et rechargeait très vite son mousquet si bien qu’on se retrouva à sept contre douze, puis contre dix, et l’on allait atteindre nombre égal de combattants lorsque, arrivant au grand galop, Jérôme de Galand, la baronne de Montjouvent et dix archers tombèrent sur les arrières des mousquetaires.

Les rares survivants, fort raisonnables, jetèrent leurs épées.

Pendant qu’en tête à tête le baron Jérôme de Galand interrogeait la femme borgne et tirait d’elle tout ce qu’elle savait, c’est-à-dire bien peu de chose, les Foulards Rouges, la torche à la main, fouillaient la campagne à la recherche de Le Clair de Lafitte.

Ils revinrent une heure plus tard, à l’instant où, fouettant l’arrière-train d’un cheval, le chef de la police criminelle pendait haut et court la femme borgne. En effet, en s’écartant, le cheval tirait sur une corde passée au-dessus d’une maîtresse branche ; corde dont l’autre extrémité, achevée en nœud coulant, serrait le cou de la borgne.

Se désintéressant du corps qu’agitaient d’ultimes convulsions, Galand ôta son chapeau noir devant les arrivants.

Nissac, tête basse, marchait seul en tête. Le brancard de fortune sur lequel gisait le corps sans vie de Melchior Le Clair de Lafitte était tenu par Sébastien de Frontignac, César de Bois-Brûlé, Maximilien de Fervac et Anthème de Florentty, ses plus vieux compagnons.

Puis, torche à la main, venait Henri de Plessis-Mesnil, marquis de Dautricourt.

Au silence qui se fit soudain dans la nuit, tous les archers ôtant leurs chapeaux et les quatre mousquetaires prisonniers cessant leurs murmures, Mathilde de Santheuil sortit de la maison pour assister à l’arrivée du funèbre cortège qu’une chouette salua en lançant son cri inquiétant.

Nissac vit Mathilde pétrifiée à la porte de la maison, Galand tête baissée et chapeau à la main, les mousquetaires silencieux et gênés, le carrosse carbonisé qu’éclairaient encore maigres flammèches.

Puis son regard s’arrêta sur le corps de la femme borgne qui se balançait à deux toises du sol.

— Était-ce vraiment nécessaire ? demanda le comte en désignant la pendue d’un signe de tête.

Galand se crispa légèrement :

— À Paris, où triomphent avec insolence les tribunaux de la Fronde, elle serait ressortie libre, et sur l’heure. J’applique donc les lois de la guerre.

Nissac observa les mousquetaires qu’on avait fait asseoir sur le sol, désarmés :

— Et eux ?

— Ils en savent trop. Les tuer serait facilité mais cruauté inutile. Je vais les faire conduire en les geôles royales et veiller à ce qu’ils y restent au secret tout le temps de la guerre civile.

Nissac regarda le visage de son ami Melchior, sa tempe éclatée, un œil sorti de l’orbite, les esquilles d’os, le sang qui séchait en noircissant… Puis, d’une voix amère :

— Cette nuit, l’Écorcheur a encore triomphé !

Il songea à une phrase de Melchior dite peu auparavant : « Ah, mon ami, quelle tragédie sublime que nos pauvres vies ! »

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